Matthieu 7.6
Comme chrétiens, nous courons le risque de deux sortes de dangers opposés : condamner les autres sur la base de notre propre justice et tout justifier sur la base d’une grâce à bon marché. Le Sermon sur la montagne en raccourci : Mt 5 : la justice qui restaure ; Mt 6 : la spiritualité qui soutient la restauration ; Mt 7 : que faire de ces enseignements de Jésus ?
(Mt 7.6). On imagine mal le porc apprécier les perles. Au contraire, il préfère la boue. Lui jeter des perles sera ressenti comme lui jeter des pierres. Les chiens et les porcs étaient alors des animaux méprisables et impurs (qui mangent des charognes). Ils illustrent ceux qui ne peuvent accueillir les « perles » du Roi et de son royaume, « les choses saintes »… (Jésus et son enseignement). D’où, ne pas fournir quelque chose de précieux à quelqu’un qui le méprise (les promesses par exemple, l’approbation, la communion, son admiration, le soutien etc.). Mais qui sont les « chiens » et les « porcs » ?
1. Des personnes en-dehors de la communauté des disciples de Jésus ? Le Seigneur n’encourage pas la restriction dans l’annonce de l’Evangile, (Ac 10.28) ; (1Co 6.11). Il demande la prudence et de proposer l’évangile sans insister (Mc 4.1) ; (Col 4.5-6) ; (Mt 10.16). Il demande de n’utiliser ni la force, ni la manipulation.
2. Des personnes du dedans qui méprisent ces enseignements et vivent dans la débauche et l’abus ? (Ph 3.2-5) ; (2P 2.22). Ils sont plutôt des loups que des chiens ; ils ne supportent pas qu’on ne les suive pas, sont religieux et fiers de leur spiritualité ; ils méprisent la loi de Dieu et sa volonté morale, ils ne prônent pas la repentance et la transformation à l’image de Jésus, mais une grâce qui mène au libertinage ; ils sont imbus d’eux-mêmes. Toute correction sera prise comme un reproche, (Lc 11.45) ; (Pr 9.7-10).
Le remède : ne pas les suivre et s’en distancer, (Mt 15.14) ; ne pas insister, mais prier pour eux.
3. Ce qui se passerait en nous ? Notre personnalité nouvelle peut être reconquise par l’impureté si nous ne veillons pas. C’est pourquoi Grégoire de Nazianze (4ème s.) priait ainsi :
SEIGNEUR, continue à me donner, pour que je puisse partager, Continue à me pardonner, pour que je sache être indulgent. Continue à m’interpeller, pour que je ne m’enferme pas en moi-même. Continue à me demander, pour que je ne capitalise pas. Continue à me bousculer, pour que je ne puisse pas m’installer. Et prends patience avec ton serviteur, pour qu’il ne se lasse pas de te servir.
Questions
- Comment est-ce que je comprends les « deux dangers opposés » auxquels sont exposés les chrétiens ?
- Quel a été mon ressenti suite au refus par quelqu’un des perles que je voulais lui donner ?
- Quelles pourraient être les limites de la prudence à avoir pour reprendre quelqu’un ou pour annoncer l’évangile ?
- Que veut dire, pour moi, « veiller » afin ne pas retourner dans l’impureté ?
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